Retrouvez ci-dessous l’intégralité du texte dont les extraits composent notre Lettre d’information #5 (disponible ICI).

Bonne lecture !

 

Les propositions de la FNSEA sont cyniques et s’appuient sur des allégations totalement fausses. Et c’est sans doute la première chose que nous devons dénoncer. Par ailleurs plus c’est gros plus ça passe, car de telles énormités contre la nature et la vie laissent sans voix.
Et comme la FNSEA a l’habitude qu’on lui lâche tout, pourquoi se contiendrait-elle ? Qui paie la réparation des routes quand elle y a fait brûler ses gros pneus ?

Etat des lieux :

La FNSEA est créée en 1946. Dès les années 1950, dans une cogestion avec l’Etat, elle « modernise « l’agriculture en modifiant les structures. Les petites structures familiales en polyculture-élevage se réduisent. Au profit des monocultures dans des structures qui s’agrandissent, avec arrachage des haies, drainage des terres, rectifications des cours d’eau, fossés profonds drainants pour recueillir l’eau des drains, effacements des terrasses et disparitions des alignements d’arbres
champêtres qui pouvaient servir à alimenter le bétail (trognes).
La Révolution Verte s’installe progressivement. Les semences sont privatisées. Obligation d’acheter des semences chaque année. Interdiction de vendre des produits issus de semences paysannes. Les paysans n’en sont plus : ce sont des exploitants au service de l’IAA (Agro-industrie ou Industrie Agricole et Alimentaire), et chacun se sert au passage…sauf l’agriculteur…

La révolution verte instaure de fait l’agrandissement des exploitations et la concentration, en opérant avec l’IAA. C’est pour cela que cela s’appelle « concentration ». Elle instaure également l’exploitation destructrice des sols et du vivant, sans freins et sans limites. Bien au contraire, comme en témoignent les demandes d’amendements du projet de LOAA.

Le labour et les pesticides sont scientifiquement reconnus responsables de la destruction des sols, destruction des sols responsable de la pénurie d’eau. Car le rôle des sols vivants dans la phase terrestre du cycle de l’eau est justement d’infiltrer et de retenir l’eau, ce qui permet d’obtenir à bon compte de l’eau de qualité en quantité. En continuant dans une politique d’offre d’eau d’irrigation, le politique freine la transition agroécologique, et maintient les agriculteurs dans une situation de dépendance extrême à l’eau, aux pesticides, engrais de synthèse et faible revenu brut d’exploitation, alors que d’autres solutions existent, auxquelles le politique ne fait pas appel :
comprendre et respecter le fonctionnement de la vie terrestre, dont les sols vivants sont une composante majeure au même titre que les océans, dans la régulation des énergies, du climat et de la sécurité alimentaire.

Il est à noter que la pénurie d’eau (alarme de 2017) s’est rapidement affirmée après le constat de la mauvaise qualité des masses d’eau (2012). Il faut bien affirmer que qualité et quantité sont liées et toutes deux dépendent des sols vivants en bonne santé. Aujourd’hui, les sols vivants et en bonne santé sont le projet politique de la Ferme France. Et la FNSEA ne joue absolument pas le jeu. Elle marche à contre-courant de la santé des sols. Comme en demandant l’amendement 9-1, visant à supprimer le module d’évaluation des principaux déterminants de la qualité des sols.

Le dessein de la FNSEA n’est pas de sauver l’agriculture ni de sauver les agriculteurs. Elle est intégralement au service de la finance, elle est le faux-nez de l’IAA et autres instituts aux mains des puissances d’argent : comme le puissant machinisme agricole, les semences, les engrais de synthèse, les pesticides, herbicides, fongicides, etc. Le système bancaire du Crédit Agricole, les assureurs, et tous ceux qui gravitent autour de la production primaire agricole, sans prendre aucun risques (les risques sont tous pris par l’agriculteur pris entre le marteau et l’enclume). Il ne faut pas se méprendre : la FNSEA n’a que faire des agriculteurs, si ce n’est pour recevoir leur vote pour
continuer à siéger à la place de choix qu’elle occupe. Son rôle de nuisance via l’occupation des chambres consulaires doit être mis sur le tapis. Voire destituer un syndicat nocif et nuisible.

Le rôle attendu des chambres consulaires d’agriculture est de promouvoir et agir pour la souveraineté alimentaire du pays. Or, au bout de 75 ans, la FNSEA a détruit les paysages, la biodiversité, détruit la qualité de l’eau (la quasi-intégralité des masses d’eau est polluée, même les nappes souterraines, voire profondes, par les pollutions diffuses agricoles), ce qui est un drame, et dont les nuisances et l’importance ne sont pas réduites par les programmes PAN (Programme national de lutte contre la désertification) et PAR (Programme de développement agricole et rural), depuis la naissance du programme nitrates. Les nitrates, c’est mauvais pour la santé des sols et des hommes.

Tous les sols agricoles de France sont dégradés. Tous les sols de facto dégradent la qualité de l’eau, et la FNSEA ne fait rien pour ralentir l’eau et prolonger son temps de résidence dans les sols. La FNSEA ne s’engage nulle part, et jamais : ni dans les PTGE. Ni dans les commissions de l’eau. La FNSEA est droit dans ses bottes et impose ses méthodes autoritaires aux préfets, aux DTT, à la police de l’eau, rien ne l’arrête, et elle s’appuie sur la détresse agricole pour faire pencher la balance en sa faveur, contre les milieux et le vivant… Ce faisant, elle sacrifie les agriculteurs victimes de ces méthodes culturales contre nature, et dont on sait aujourd’hui qu’elles sont à l’origine des pénuries d’eau. Mais comme un rouleau compresseur, elle utilise la misère des éleveurs et agriculteurs, sans montrer l’exemple, et sans expliquer au monde agricole que le monde change. Que la microbiologie des sols et la biologie en général, et plus spécialement sur les sols vivants, démontrent qu’il faut changer de regard : comprendre la nature et le fonctionnement des écosystèmes pour s’appuyer dessus, pour travailler avec la nature, et ainsi réduire les coûts et les intrants, et renouer avec un métier d’avenir. La FNSEA ne fait pas ce travail. La FNSEA ne transmet pas les découvertes scientifiques qui réduisent la dépendance et augmentent l’autonomie dans les fermes, pour augmenter le revenu final. A quoi sert donc une chambre d’agriculture si ce n’est pas pour faire le relai de la connaissance. Les chambres d’agriculture sont pourtant bien payées pour diffuser la formation aux agriculteurs !

Il serait nécessaire pour l’évaluation de connaître le montant des sommes d’argent que les chambres d’agriculture encaissent, et pour quel résultat ? Puisque en fait, les sols sont toujours labourés, glyphosatés, retournés, monocultures, et irrigation, sans questionnement. Pire : refus d’entendre un scientifique lui apporter des réponses, pour la seule raison invoquée : que le bon sens paysan, ils le possèdent !!!!

La FNSEA reste centrale dans l’agriculture, elle maintient sa puissance également par le COPA à Bruxelles, avec Mme Christiane LAMBERT comme présidente du groupe de l’agriculture industrielle à l’UE.

Si les modalités de votation dans les chambres d’agriculture (qui auront lieu en janvier 2025) sont inchangées, c’est la FNSEA qui remportera les chambres d’agriculture, et il n’y aura toujours pas
adéquation entre le projet de l’agriculture pour la France (=transition agroécologique) et celui de la FNSEA. Alors que la chambre consulaire est censée servir le projet de la France, mais qui ne sert en l’occurrence que la finance au détriment des agriculteurs, au détriment de la vie et de la fertilité des sols, au détriment de la santé des sols et des gens, au détriment de la souveraineté alimentaire et d’une gestion de l’eau cohérente.
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La FNSEA met en titre 1 : DEFINIR NOS POLITIQUES EN FAVEUR DU RENOUVELLEMENT DES GENERATIONS AU REGARD DE LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE DE LA FRANCE

* Souveraineté alimentaire : c’est faux, puisque nous exportons du Cognac, du blé et du maïs, et que nous importons l’alimentation vivrière de fruits et légumes : nous ne sommes absolument pas
souverains d’un point de vue alimentaire. On peut ajouter que l’eau faisant partie de la souveraineté alimentaire, si l’eau manque, c’est à cause de l’agriculture industrielle qui a détruit les sols qui ne filtrent plus l’eau et qui ne la retiennent plus. Et qui consomment 80 % de l’eau bleue, pour produire à l’export. Eau virtuelle.

* Une agriculture qui a bouleversé le cycle de l’eau : par le labour, la rectification des cours d’eau ruraux, le drainage généralisé, et aussi le drainage des ZH (Zones humides), fossés drainants, destruction des petits chevelus en tête de bassin, effacement de cours d’eau pour éviter les bandes enherbées, l’arrachage des haies, l’effacement des terrasses. Modification de l’hydrologie naturelle de l’eau responsable d’une accélération de la vidange des cours d’eau.
Si les sols agricoles étaient en bonne santé, ils ralentiraient le cycle de l’eau durant sa phase terrestre. Le ralentissement dynamique promu dans les SDAGE (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) reste lettre morte.

* Renouvellement des générations : depuis que la FNSEA est aux manettes de la « Ferme France », par sa place de choix dans les chambres d’agriculture et l’APCA, il n’y a eu que des pertes d’agriculteurs.
Encore vendredi au COTECH (Comité technique) PLAN EAU au Conseil Départemental du Tarn-et-Garonne (charte EAU !), il y avait un projet de plan d’eau pour une exploitation de 150 ha, avec le projet d’embaucher 1/2 temps plein…

* Intérêt général majeur : demander de réviser le droit de l’eau du code de l’environnement pour placer l’agriculture comme « intérêt général majeur », c’est carrément se fiche du monde : alors qu’il est aujourd’hui reconnu que l’agriculture industrielle est responsable de tant d’externalités négatives qu’on n’arrive pas à toutes les inventorier :

* des pollutions diffuses agricoles herbicides et nitrates

* de 28 à 35 % des émissions de GES (Gaz à effet de serre), donc responsable du réchauffement climatique)

* de la perte de vie dans les sols,

* et de la destruction de la biodiversité, par l’usage de pesticides, comme les néonicotinoïdes responsables de la destruction des pollinisateurs, dont les abeilles, et semences enrobées détruisant les microorganismes du sol

* de la perte de biodiversité par la destruction des haies, en tant qu’habitats pour la faune et la flore. Impact négatif sur le vivant, par la destruction des écosystèmes.

* Perte de fertilité et de biodiversité dans les sols par l’usage de semences F1 (graines hybrides non reproductibles), qui dégradent les sols d’année en année (car c’est la plante qui fait le sol et le sol qui fait la plante. Les variétés anciennes s’améliorent d’année en année. Le vivant doit s’échanger et circuler dans la logique écosystémique. L’explication est que les semences modifiées F1 sont des semences dont les plantes ont des interactions amoindries avec les bactéries et microorganismes des sols ; ce qui appauvrit la biodiversité dans les sols.

* Dans le monde entier, les agriculteurs pratiquant les principes de la révolution verte se sont suicidés ou sont au bord du suicide, et n’arrivent pas à faire vivre leur famille par leur travail. C’est un fait connu. L’agriculture industrielle étant par essence contre nature, elle coûte cher à l’agriculteur, et elle coûte également très cher au citoyen et aux consommateurs. PS : ceux FNSEA qui crantent dans les instances reçoivent pour ce faire un SMIC mensuel…payé sur argent public ! Les places sont bonnes alors ils s’expriment, sinon ils sont remplacés !

* Où est l’intérêt général majeur quand l’eau coûte de plus en plus cher en traitement ? De plus en plus chère aussi, car elle est devenue plus rare, et on n’en a plus assez pour diluer et être en mesure de produire de l’eau potable avec les procédés de dilution d’hier.

* Où est l’intérêt général majeur quand la totalité de la population est victime dans sa santé, avec des maladies neurodégénératives et métaboliques en progression exponentielle ? Idem avec les cancers du cerveau, de la prostate, du sein et du pancréas. Et les enfants de plus en plus jeunes atteints de cancer.

* Où est l’intérêt général majeur quand l’agriculture industrielle est en lien direct avec l’IAA, responsable de la malbouffe, et des maladies engendrées, avec des adolescents ou pré-adolescents victimes de diabète de type 2 dès 14 ans ? On impute aujourd’hui l’autisme aux molécules des pesticides.

* Où est l’intérêt général majeur quand 1 couple sur 7 est devenu stérile ?

* Où est l’intérêt général majeur quand les fermes s’agrandissent et réduisent les capacités d’adaptation de l’agriculture et promeuvent la concentration ?

* L’effacement des zones humides est contraire au SAGE VALLEE DE GARONNE qui a mis la protection et la reconstitution de ZH au cœur de son PADD. Si l’agriculture est d’évidence d’intérêt majeur, elle doit pour être d’intérêt général majeur, respecter la santé des sols et la santé des citoyens. Quand la FNSEA cherche à réduire les surfaces de zones humides en exigeant le cumul des deux critères de définition, elle démontre son désintérêt de l’impact négatif de ses pratiques sur la santé des citoyens et des sols, les sols maltraités (labour herbicides et fertilisants de synthèse) réduisant d’autant leur capacité à gérer l’eau. Réduire encore et toujours les zones humides : c’est la démonstration de la main mise sur la gestion de l’eau par la FNSEA, à l’instar de sa demande de la nouvelle cartographie des cours d’eau, qui est un pas de plus vers le mauvais état des masses d’eau.

* Le problème c’est que l’agriculture est au croisement de tant d’enjeux que très peu de personnes en perçoivent la complexité.
C’est la raison pour laquelle la grande majorité des ELUS députés et Sénateurs s’abandonnent à la demande de la FNSEA.

* La protection de la nature et de l’environnement fait partie du droit de protection des citoyens.

* Quant au renouvellement des générations, la FNSEA qui est aux manettes n’a aucune intention de renouveler les générations : son but est au contraire d’absorber par l’agrandissement et l’intégration industrielle de l’agriculture avec l’industrie de l’agroalimentaire.
La FNSEA dans les commissions SAFER votent plutôt pour l’agrandissement que pour installer un Jeune ou un NIMA (personne non issue du milieu agricole).

* Changement climatique : le défi du climat n’est pas l’affaire de la FNSEA, elle continue comme hier, elle exige juste qu’on lui apporte de l’eau, sans apporter de sa part une quelconque contrepartie.
Avez-vous déjà entendu la FNSEA dire « OK vous me donnez moins que ce que je demande, mais je m’engage à le plus labourer pour rendre mes sols plus résilients au stress hydriques parce que plus humifères et couverts… »?

* Le choix de la diversification de l’alimentation n’est pas fait, alors que la diversification des productions végétales est favorable à l’augmentation de la qualité de santé des sols.

* La PAC c’est 80% de l’argent qui va à 20 % des agriculteurs, qui sont des agriculteurs industriels. Alors que la PAC ne devrait pas être assise sur les surfaces exploitées, mais sur le nombre de
paysans sur la ferme. Si on laisse faire, avec l’intégration en marche, demain, il n’y aura plus d’agriculteurs, mais des tâcherons qui n’auront aucun droit.

* Comme à son habitude, la FNSEA n’est pas présente lors des commissions d’élaboration des textes. Elle vient après coup exiger/imposer des modifications qui ne peuvent plus être discutées.
Ces méthodes ne font pas partie du catalogue d’un fonctionnement démocratique.

Si mon texte a l’air brouillon, c’est parce que le sujet est complexe et imbriqué. Je pense qu’il faut composer avec cette complexité imbriquée, sinon, nous ne pourrons jamais être entendus dans nos refus de telles demandes obscènes.

* Sur la seule base d’être un syndicat qui porte une agriculture qu’elle présente comme d’intérêt général majeur, accomplissant soi-disant la souveraineté alimentaire et le remplacement des générations, la FNSEA exige plusieurs dizaines d’amendements au projet de la LOAA.

* Je pense que nous devrions attaquer, l’attaque comme arme de poing, et scander que la Révolution Verte, de par le monde, en Inde comme en Amérique latine, a semé maladies, pauvreté, suicides, enfermement et un isolement désemparé des agriculteurs, laissés pour compte. Variables d’ajustement, au même titre que l’environnement et tout le vivant, et nous aussi, société civile, dans un monde que les lois actuelles autorisent les exploitants à polluer sans restriction, et détruire allègrement sans limites le vivant dont nous dépendons directement.

VNE 88

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