SAGE GTI

Vittel : le collectif Eau 88 relance le débat sur les forages de Nestlé Waters

By 22 mai 2020 juillet 8th, 2020 No Comments
Vittel : le collectif Eau 88 relance le débat sur les forages de Nestlé Waters Le collectif a profité du reportage de France 3 «Pièces à conviction» sur Nestlé Waters, pour fournir des révélations jusque-là ignorées du public.

20 mai, 2020  Alain Buffe

https://laplainedesvosgesinfo.fr/2020/05/vittel-collectif-eau-88-relance-debat-forages-de-nestle-waters/

          

A la suite d’un reportage sur Nestlé Waters Vosges et le déséquilibre de la nappe GTI, dans le cadre de «Pièces à conviction», réalisé par la journaliste indépendante, Delphine Lopez, et diffusé sur France 3, le mercredi 13 mai, l’occasion était trop belle pour que le Collectif Eau 88 n’en profite pas pour rebondir sur ce dossier complexe. Mais de l’aveu de l’un des porte-paroles, Bernard Schmitt, «Quoi qu’il arrive, nous aurions communiqué prochainement…».

Outre la surexploitation de la nappe phréatique GTI de Vittel-Contrexéville exploitée, entre autre, par les industriels, les collectivités, les agriculteurs et les particuliers, le reportage a mis en évidence des irrégularités sur cinq forages sur le territoire de Contrexéville (Belle Lorraine, Thierry Lorraine, Reine Lorraine, Great Source et Chatillon Lorraine) qui semble t-il, n’auraient d’autorisation. Donc une invitation était lancée ce mardi 19 à la presse, à Crainvilliers, pour quelques éclaircissements sur l’une des sources citées. Quelle ne fut pas la surprise d’apprendre qu’en réalité ce seraient vingt-et-un forages qui sont irréguliers selon les recherches approfondies du Collectif Eau 88, et le communiqué que les responsables ont distribué sur place, puis détaillés par Jean-François Fleck et Bernard Schmitt, et qui indiquait en substance.

Quelques précisions réglementaires

Deux types d’autorisation :

  • Au titre du code de l’environnement qui répond à la loi sur l’eau de 1992, ou les forages doivent faire l’objet d’une déclaration puis une autorisation. Les prélèvements d’eau doivent faire l’objet d’une autorisation si >200 000 m3/an seul ou cumulés avec d’autres sur la même masse (C’est le cas pour Nestlé Waters).
  • Au titre du code de la santé publique, pour l’exploitation, la consommation de l’eau prélevée.

L’exploitation de tous les forages de Nestlé destinés à l’embouteillage est autorisée au titre de la santé publique, ce qui n’est pas le cas au titre du code de l’environnement pour les prélèvements, ce qui devrait constituer un préalable, mais qui n’a pas été le cas ! L’état a donc autorisé la commercialisation d’eau dont les prélèvements n’étaient pas autorisés dans le milieu naturel, ce qui constitue un délit pour l’exploitant.

Donc selon les membres du collectif, l’Etat et l’embouteilleur seraient «hors la loi».

Toujours selon les responsables, dans le dossier Nestlé Waters, il y aurait trois situations :

1) Les forages et prélèvements d’eau autorisés au titre du code de l’environnement après enquête publique avec étude d’impact seraient au nombre de trois : Hépar Bois, le Chamois et Anger Lorraine (Crainvilliers)

2) Les forages non autorisés (mais reconnue par l’Etat et Nestlé) dont ceux antérieurs à 1992, qui auraient dû faire l’objet du dépôt d’un dossier d’autorisation, à défaut de ne pouvoir être régularisés, seraient au nombre de onze : Belle Lorraine, Thierry Lorraine, Reine Lorraine, Great Source et Chatillon Lorraine (pour Contrex), puis la Grand Source (Vittel), et l’Impériale, Pavillon, Souveraine, source Suprême et Marie (pour les buvettes et arrosages). D’ailleurs Jean-François Fleck précisait que le forage de la source Belle Lorraine du gite A (à Crainvilliers), était non autorisé mais qu’en 2018, 213 000 m3 avaient été pompés et vendus.

3) Les forages à prélèvements encadrés, concernés seulement par une régularisation dans le dossier NW pour Grande Source : Grand Source Est, Captage, Bois et Chatillon.

Ces forages sont dits autorisés par un arrêté ICPE de 2011, alors que seul le mélange Grande Source est cité et non les différents forages avec les volumes maximum prélevables. Cela ne semble pas recevable car cela ne correspond en rien à un arrêté «Police de l’eau», pourtant nécessaire dans ce cas, vu les volumes concernés. Donc ces quatre forages apparaissent également comme non autorisés conformément à la réglementation.

Il convient d’ajouter les quatre forages suivant pour Hépar : Le Peulin, Ermitage, Hépar Nord et Essar, qui ont les mêmes observations que pour Grande Source.

Donc au total ce sont dix-neuf forages qui ne sembleraient pas conforme à la loi.

Autant dire que le collectif a présenté de sérieux arguments, preuves à l’appui, et qu’il réclame un moratoire.

Puis les militants enfonçaient un peu plus le clou avec le secteur de Suriauville, et les forages 2 et 3 qui pompent 305 000 m3/an avec une autorisation qui date de 2016, mais sans enquête publique, ni étude d’impact, juste un simple arrêté complémentaire en compensation des réductions de prélèvements dans la nappe GTI. Ce qui porte le nombre total à vingt-et-un forages non conformes selon la ou les lois (eau et/ou environnement).

Puis une autorisation supplémentaire de 100 000 m3 qui a été sollicitée pour Suriauville N°4 dont les installations seraient déjà opérationnelle. Ces trois forages hypothèquent 400 000 m3/an qui auraient pu être attribués aux collectivités en substitution des GTI. Ces attributions à Nestlé, avant d’avoir réparti les volumes prélevables entre les différents usagers en adéquation avec la recharge des nappes, est irrecevable pour le collectif. «Ce sont les chiffres officiels de 2018», précisait Jean-François Fleck.

Tableau 2 des forages

                                                        Du côté de Nestlé Waters

Dans le reportage, la direction du site d’embouteillage reconnaissait les irrégularités sur cinq forages (voir tableau 1 en annexe) et qu’ils étaient en cours de régularisation.

Tableau 1 des forages

De plus sur son compte Twitter, l’embouteilleur vosgien se targue d’avoir réduit de 38 % ses prélèvements sur la nappe GTI à Vittel depuis 2010 (post en date du 7 mai) et s’engage à poursuivre la baisse.

Puis dans un post du 12 mai, le pourcentage tombait à 13 % depuis 2010, et quatre illustrations expliquaient comment…

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a du flou dans la communication de l’industriel, depuis que ce dossiers a refait surface. On a connu Nestlé Waters Vosges, plus loquace et meilleur communicant sur des dossiers tout aussi épineux et complexe. D’autant qu’ils ont quelques arguments à faire valoir sur l’environnement et la protection des nappes phréatiques, le non pesticide…, au travers de leur filiale Agrivair.

Des révélations qui vont assurément relancer le débat, car on ne parle plus de recharger la nappe du GTI (C), mais des trois nappes (A,B et C).

Qu’en sera t-il du SAGE GTI, dont l’appellation ne serait plus appropriée selon Bernard Schmitt. L’économie locale et les emplois, seront t-ils des arguments de défense pour Nestlé Waters, qui a vendu 1,5 milliard de bouteilles en France et à l’étranger en 2019. Quelles vont être les réactions des services de l’Etat, et quelle décision va prendre le Préfet, Pierre Ory. Les finances des communes de Contrexéville, Crainvilliers, d’Haréville et Vittel risquent-elles d’en souffrir… Autant de questions qui sont posées et des réponses qui sont attendues. Mais quand ?

Affaire à suivre…

Alain Buffe

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